CAFÉ 2024
Depuis 2023, avec le soutien du Fonds Asile, Migration et Intégration (AMIF) de l’Union européenne, Arts&Publics a mis en place le programme Citoyenneté à travers l’Art, la Formation et l’Éducation (CAFÉ). Après une première année qui nous a permis de donner des bases solides à la logistique des semaines d’animation et de tisser des liens avec les centres d’accueil des Mineurs Étrangers Non Accompagnés (MENA), nous nous sommes fixés deux mots d’ordre pour 2024 : collaboration et pérennisation.
C’est donc dans une optique de collaboration que l’accent a été mis d’une part sur la contribution systématique des équipes et chargé·e·s de projet de l’ASBL. Les semaines CAFÉ sont dès lors un point de rencontre de la médiation culturelle, de la production artistique et de la médiation culturelle numérique maison.








À partir des vacances de printemps 2024, le projet a connu de nouvelles collaborations externes, notamment avec le Medex, Park Poétik, Korenbeek (Toestand), le Théâtre de Poche et le Champ du Chaudron. Il était important que notre offre se renouvelle pour s’adapter aux besoins mouvants des MENA en proposant des programmes variés et riches en rencontres.
Durant l’été, une activité radio s’est intégrée au programme, donnant aux jeunes et à leurs accompagnants une place pour laisser libre cours à leur expression, qu’elle soit réflexive ou créative. Ces moments de partage ont permis de tisser des liens de confiance entre les trois parties (animateur·rice·s d’Arts&Publics, équipes Fedasil et MENA) et aussi de faire émerger les envies, frustrations et ambitions des jeunes. Cette activité a par la suite été systématisée au sein des centres en dehors des programmes d’activités, comme manière d’entretenir le lien avec les centres et les jeunes entre les périodes de vacances scolaires et d’actualiser l’offre.
Lors des vacances d’octobre, le projet a vu l’intégration d’une série d’activités conçues et menées par les stagiaires en médiation de notre formation BAMBA. Les propositions devaient répondre aux contraintes spécifiques du terrain, notamment en termes de durée et de capacité, mais aussi dans la manière de surmonter la barrière de la langue et de favoriser l’inclusion sociale des jeunes. Cet exercice a permis aux stagiaires de s’initier à la conception et aux techniques d’animation en bénéficiant d’une mise en pratique immédiate et encadrée.








Objectifs
À la suite des innovations de cette année, nous avons comme objectif d’alimenter trois axes de travail :
- Pérenniser la fidélité des jeunes au programme, en mettant une attention particulière sur la pertinence des activités, notre présence et notre écoute.
- Offrir aux MENA des occasions de découvrir des lieux et des projets bruxellois qu’ils n’auraient pas découvert dans leur parcours d’intégration initial – leur offrant de nouveaux repères dans leur ville d’accueil et répondant à leur manque d’ouverture sociale.
- Créer des repères pour les jeunes pour qu’ils se sentent à l’aise. Il s’agit ici de mettre en place des rituels lors des activités (en accord avec les animateur·rice·s) pour que les jeunes comprennent au mieux, et malgré la barrière de la langue, le contexte dans lequel l’activité s’inscrit, qui sont les différentes personnes présentes et où ils se trouvent.
- Pérenniser la fidélité des centres partenaires au programme, en faisant également attention à notre présence et notre écoute, cette fois-ci envers les personnes qui encadrent les jeunes et en prenant en compte les difficultés du terrain. Ceci a pu se faire en se concentrant sur l’accompagnement des centres se montrant réellement fidèles et intéressés par l’offre, et en insufflant de l’énergie dans ces relations-là. Cette proximité a permis à la coordinatrice de solidifier des liens de confiance avec les équipes et d’être en contact régulier avec elles, permettant de mieux réguler les allers et venues aux activités.
- Mettre l’accent sur l’aspect social du projet. Dans le courant de l’année 2024, il est devenu clair que ce qui représentait un manque pressant pour les MENA concernait le lien social. C’est-à-dire leur participation citoyenne et la rencontre comme outils d’intégration. En ce sens, il est important pour nous d’être créatifs et flexibles dans l’application du projet. C’est ainsi que, pour s’adapter au mieux au public, il s’est avéré important de diversifier les partenaires, les lieux d’activité ou de se rendre davantage dans les centres pour mieux comprendre leur réalité. L’intégration va dans les deux sens, et il est important de réfléchir de manière interdépendante à la notion d’inclusion.
Organisation
Les activités se déroulent pendant les vacances scolaires, du lundi au vendredi, à hauteur de deux activités de trois heures par jour, une le matin et une l’après-midi. Elles se déroulent dans les espaces polyvalents de la maison de quartier Malibran, mais aussi dans l’espace public, chez les structures partenaires ou encore dans les centres d’accueil. Pour la plupart des activités, une jauge de 12 personnes est établie. Chaque centre participant est invité à réserver autant de places que de jeunes intéressés pour une, plusieurs ou toutes les activités. En raison des perturbations dans les centres d’accueil, il arrive que le nombre de participants soit largement inférieur ou supérieur à la jauge, mais nous avons vu une nette régression de ce problème dans le courant de l’année 2024, grâce à une meilleure application du système d’inscription dans les centres, une fidélité grandissante aux activités et une baisse des annulations.
Chiffres clés
Organisée sur 11 semaines en 2023, l’édition CAFÉ 2024 a donné lieu à 12 semaines d’activités, voyant la participation de 277 jeunes au cours de 104 activités.
Sur deux ans, nous avons ainsi attiré un total de 492 participants. Alors que nous visions d’être au-dessus de la moyenne de la représentation des femmes parmi les MENA, nous n’avons eu la participation que de 26 filles sur 277 participants, ce qui est représentatif de la proportion réelle des filles MENA à Bruxelles.
Nous avons travaillé en étroite collaboration avec quatre centres d’accueil, à savoir les centres Fedasil de Woluwe-Saint-Pierre, Bordet et Auderghem, ainsi que le centre Amran de Belrefugees. Ces derniers se partageaient les places disponibles et ont sur le courant de l’année assuré à eux seuls la fréquentation de toutes nos activités.
Bilan, retours et perspectives
Il est aujourd’hui clair qu’une des forces de CAFÉ est de faciliter l’accès des MENA au bien-être social et à l’inclusion citoyenne. Notre rôle est d’encourager les MENA dans ces dimensions pendant les premières étapes de leur parcours et de soutenir les centres d’accueil dans leurs efforts pour les rendre possibles. En entretenant des liens proches avec les jeunes et les centres partenaires, en actualisant systématiquement notre offre en fonction de leurs réalités et des difficultés identifiées, nous avons réussi à combler un manque résultant des contraintes financières, matérielles et temporelles du réseau d’accueil, qui empêche une priorisation du bien-être social des MENA. Nous jouons donc un rôle d’accompagnement des centres partenaires en leur proposant un programme d’activités gratuit, fiable et récurrent pour entretenir cette dimension sociale.
Notre volonté pour 2025 est d’étendre et de pérenniser nos partenariats avec des structures qui partagent notre éthique de cohésion et d’inclusion. Le maintien d’un contact solide et constant avec le réseau d’accueil est essentiel également, nous permettant de nous actualiser sur les réalités du terrain et les fluctuations dans les besoins, les envies et les contraintes des MENA et des équipes encadrantes. L’une des évolutions du projet en réaction à ces retours est de s’intéresser plus spécifiquement aux besoins sociaux des MENA, trop peu pris en charge dans leur parcours d’intégration. Des activités leur permettant d’être davantage en contact avec des adolescents bruxellois sont progressivement intégrées au programme.
Avec le soutien financier du Fonds asile, migration et intégration (AMIF) et de l’Agence fédérale pour l’accueil des demandeurs d’asile (FEDASIL).
